La période des Jeux olympiques est un moment de grand brassage des populations : athlètes, staff, salariés, bénévoles, millions de spectateurs…et comme dans tout grand rassemblement, on peut craindre ce qui est transmissible, des infections respiratoires aux IST. C’est pourquoi la distribution des 300000 préservatifs fait partie d'une campagne de prévention de santé publique de la transmission de maladies sexuelles.
Mais l’activité sexuelle fait elle courir d’autres risques, notamment sur les performances sportives ?
Contrôler la sexualité des gens est un thème aussi ancien que les religions et les cultures. À l’époque de la Grèce antique, le philosophe Platon préconisait aux coureurs une période d’abstinence afin d’être performants lors des Jeux olympiques.
Cette idée circule encore dans l'esprit de certains, tout comme l'inverse, à savoir que le sexe avant le sport améliore les performances.
Alors, abstinence ou consommation lors des perfomrmances sportives comme celles des jeux olympiques ?
Voici une synthèse des études que j'ai trouvées concernant l'impact de l'activité sexuelle sur les performances sportives de haut niveau :
1."Sexual Activity Before Sports Competition: A Systematic Review"** (Stefani et al., 2016) : Cette revue systématique a exploré les effets de l'activité sexuelle avant une compétition sportive. Les résultats montrent qu'il n'y a pas de preuve claire que l'activité sexuelle nuit aux performances sportives, en particulier lorsqu'elle a lieu plus de deux heures avant la compétition. L'étude souligne que les effets négatifs potentiels peuvent être liés à d'autres comportements comme la consommation d'alcool ou le manque de sommeil associé à l'activité sexuelle, plutôt qu'à l'acte lui-même.
2. "The Effect of Sexual Activity on Athletic Performance: An Overview of Evidence"(Johnson et al., 2017) : Cette étude discute de diverses recherches qui suggèrent que l'activité sexuelle n'a pas d'impact significatif sur la performance ou de force des athlètes. Elle note toutefois que la plupart des données disponibles sont anecdotiques et que des études contrôlées de haute qualité sont nécessaires pour des conclusions plus définitives.
3. "Sex before sport doesn't negatively impact performance"(ScienceDaily, 2016) : Selon cet article, les recherches actuelles indiquent que l'activité sexuelle avant une compétition n'a pas d'impact négatif sur les performances des athlètes. L'article met en avant que la croyance ancienne selon laquelle l'abstinence est nécessaire pour de meilleures performances est plus basée sur des traditions culturelles que sur des preuves scientifiques.
Ces études montrent que l'impact de l'activité sexuelle sur les performances sportives est minime voire inexistant, surtout lorsque l'activité sexuelle est pratiquée avec un intervalle de temps suffisant avant la compétition. Cependant, il est important de considérer d'autres facteurs comme le sommeil et les habitudes de vie qui peuvent influencer les performances sportives de manière plus significative.
D’un point de vue psychologique, plusieurs arguments soutiennent l’idée d’abstinence avant le sport .
Les hommes et les femmes sont plus détendus après l'orgasme et sont donc moins agressifs, ce qui n'est pas souhaitable pour tous les sports.
Selon la manière dont on fait l'amour, cela peut aussi être éprouvant physiquement, la sexualité et l'orgasme peuvent aussi être pénibles et difficiles pour certaines personnes. Cela peut entraîner un manque de confiance en soi et de la frustration. D’autre part, avant une compétition, les sportifs et les entraîneurs ont tendance à vouloir tout faire dans les règles de l'art, afin qu'après coup, la préparation ne soit pas “responsable” d'un éventuel échec. L’entraînement, la discipline et la concentration sont des modèles profondément ancrés dans la réussite, donc pas de distraction !
D’un autre côté avoir une activité sexuelle avant une compétition sportive peut avoir des effets bénéfiques. Pour beaucoup, l'orgasme est un moyen merveilleux de réduire le stress, de s'endormir plus facilement, de lutter contre la nervosité et de décompresser. Il permet également d'activer l'ensemble des muscles du corps et de stimuler la circulation sanguine.
Autre élément important : une musculature du plancher pelvien stimulée, bien irriguée et travaillant bien est un thème important dans le sport féminin, et il serait passionnant de savoir dans quelle mesure le sexe pourrait y contribuer.
Alors, calme complet ou sport en chambre ?
Comme tous les sports ne se ressemblent pas, que chaque athlète est différent au regard de leur fonction érotique, il serait bon de reconnaître la diversité des sexualités, des sports et des personnes.
Avec le temps, un(e) athlète découvre ce qui lui fait du bien, et il est bien de faire confiance à cela. Le sexe n'est pas le même pour tout le monde. Une réponse générale à la thématique du sexe et de la performance sportive n’est donc pas possible. On ne peut pas faire l’économie de l'exploration de la fonction érotique, en replaçant les comportements dans leur contexte non seulement obsessionnel, mais aussi existentiel.
Quant à la quantité des préservatifs distribués -300000- elle n'est pas forcément représentative de l'activité sexuelle des athlètes sur la période des Jeux : cela répondra à des besoins, mais tous ne seront pas forcément utilisés par les athlètes. Il y en a même un certain nombre qui vont être considérés comme des objets collectors.
Si les jeux olympiques sont la démonstration la plus solennelle et majestueuse de la puissance du corps humain, une période de paix invitant l’arrêt des conflits des nations, alors par certains aspects, la fonction érotique ne devrait rien à avoir à leur envier.
Jacqueline Breut,
Sexologue & Trésorière du SNSC
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